Sade Songs

Mettre en musique les mots du divin marquis, voilà la folle déraison et l'irrésistible aventure à laquelle ont succombé le compositeur Jean-Rémy Guédon, la chanteuse Elise Caron, le metteur en scène Jean-Lambert-wild et l'illustrateur scénographe Stéphane Blanquet. L'ensemble Archimusic rassemble des solistes issus, les uns de la tradition classique, les autres du jazz. Depuis 10 ans, Jean-Rémi Guédon nourrit cet orchestre insolite de véritables projets et Sade Songs est l'aboutissement exact de ce patient et passionné travail. Aucun choix ne pouvait être plus pertinent que celui d'Elise Caron, chanteuse, musicienne et comédienne stupéfiante qui assume naturellement les textes denses de Sade comme la partition complexe de Guédon. Dans Sade Songs, il est question de liberté (de mœurs, mais pas seulement), de religion, et l'on y découvre le Marquis de Sade fin observateur de la nature humaine. C’est une rage vivifiante, salutaire qui parcourt ces "Sade Songs". Le choix des textes rend justice à ce défenseur forcené de la liberté de penser. L'hommage se concrétise dans l'écriture musicale, aussi serrée, nerveuse et savante que la littérature de son inspirateur. Le corps à corps opère et avec Sade, les mots prennent sens et le jazz devient métissage.

"Il était une fois un marquis, que ses amours légendaires avaient forcé à se réfugier au plus profond d’un bois. On racontait qu'il s'accouplait avec les bêtes aussi bien qu'avec les hommes. D'autres disaient que, révolté de la sottise, de la veulerie et des mensonges de notre monde, il est devenu le chef d'une bande de brigands sanguinaires qui ne détestaient pas accompagner leur festin d’un jarret de curé. Quelques uns prétendaient l'avoir vu hurler avec les loups, ce qui est sûr, c'est qu'à chaque pleine lune, une complainte serpentait entre les arbres et venait enflammer les oreilles craintives qui, rassemblées autour de l'âtre, tremblaient. Le marquis chantait et huit musiciens l'accompagnaient dans un sabbat qui précipitait les âmes les unes par-dessus les autres. C'est ce qu'on disait ! Mais qui avait pris soin de s'aventurer dans le bois ? Mais qui avait tendu l'oreille aux chansons du marquis ?

Ce soir, il faudra désobéir à votre maman qui vous avait dit : "ne t'en va jamais seul au bois. On ne sait jamais ce qui peut arriver dans le bois" car c'est à l'une de ces nuits de sabbat que nous vous convions." Jean-Lambert-Wild