Les confessions d'un musulman de mauvaise foi

Une Algérie où chaque vestige du temps, chaque souvenir des personnages, racontent à sa façon une résistance et une défaite, que l'obsession du passé, la quête de l'inaccessible, la résurrection d'un peuple, le chant amoureux transforment par la magie du verbe et de la métaphore, en mythe et en victoire.
C'est tout simplement l'histoire de l'Algérie de ces cinquante dernières années comme trame de fond du récit de la vie d'un jeune Algérien, Karim, en pleine recherche identitaire, de la naissance à l'âge adulte à travers une suite d'anecdotes et de souvenirs.

Après un long apprentissage qui a commencé dés son plus jeune âge, Karim, est enfin admis dans le monde des croyants. Devenu un adulte pour Dieu, il reste cependant un adolescent pour l'école. A peine est-il un musulman accompli qu'il doit partir et rentrer dans un collège ou, selon lui, il n'y a que des infidèles. Ses premières amours ne sont que déceptions. Face aux grandes questions qu'il se pose, la religion apporte peu de réponses et sa foi en est ébranlée. Devenu un homme, Karim, se trouve face à son destin...

A travers la vie de Karim, l'auteur parle d'une génération d'Algérien qui a vu la France et l'Algérie se battre, pour aboutir quelques années plus tard à une guerre civile.
C'est le tiraillement entre la religion, l'éducation, l'émancipation et la modernisation du pays, que ses jeunes ont vécu et vivent toujours aujourd'hui, un véritable problème de construction identitaire.

L'amalgame franco-algérien n'a cessé, depuis l'événement des coups de chasse-mouches du 27 avril 1827, d'être évoqué à nos jours. Il s'agit à travers cette pièce, de jeter un regard lumineux sur la société algérienne, sa culture, son histoire et ses questionnements.
L'histoire pourrait tout à fait se dérouler dans un cartier Algérien d'une ville Française, toutes les situations, en y apportant des nuances, peuvent se retrouver dans ces deux pays. La culture française a évolué au contacte de la culture algérienne et inversement. La pièce permet d'aborder l'histoire depuis la période coloniale jusqu'à nos jours en passant par la décennie noire et le terrorisme en Algérie.
L'auteur, malgré une structuration par des chapitres comme l'enfance, l'adolescence ou l'adulte, entretient un flou en ce qui concerne l'unité de temps, les époques et les récits s'entrecroisent.
L'introduction d'un nouveau personnage, d'un conteur, permet à la fois de rendre plus compréhensible et moins lourd certains passages, mais aussi d'amener d'autres éléments de la culture algérienne, comme la musique traditionnelle. Ce conteur va jouer certains passages à la place d'autres personnages. Le texte s'y prête particulièrement bien, car il donne l'impression de proximité et à la fois de distance entre le récit à proprement parlé et l'histoire. Ce phénomène est tout à fait à propos, car ce qui définit le conteur dans la société algérienne c'est le paradoxe entre la marginalité et la personne caractéristique de la communauté.