Qu'est-ce que tu sais d'une fille comme moi ?

Lorsqu'elle doit rentrer "à la maison", tout oppose cette maman qui joue sa vie sur une partition de comédie et sa fille dont la vie s'apparente plutôt à un drame.
Leur voyage intérieur se déroule dans une ambiance de polar, sur fonds d'amnésie, entre une partie de backgammon et un air de flûte, entre rêves inaboutis et ambitions contrariées.

Deux personnages en équilibre précaire qui s'accommodent tant bien que mal. Jusqu'au dénouement inattendu.
Deux comédiennes magnifiques s'affrontent ; Agnès Croutelle, mère excentrique, avec une gestique fofolle délicieuse à souhait et Magali Sivan-Parrini, fille blessée, tout en violence contenue sont très convaincantes...

Une tragi-comédie dont la scénographie légère (deux malles ouvertes symbolisant deux espaces de vie) permet d'apprécier toute la richesse des thèmes abordés.

Bande son, voix off, piano et violoncelle.
La rencontre entre une mère et une fille a quelque chose d'intemporel et de nostalgique, surtout quand des milliers de kilomètres les séparent et que le téléphone essaie en vain d'effacer les fuseaux horaires. Le drame joue des claquettes et l'amnésie fait son jazz quand la fille revient chez la mère.

Malgré les évitements, les tensions entre les deux femmes explorent jusqu'à leurs tréfonds des non-dits dont l'existence commence bien avant la naissance, se multiplie et se télescope jusqu'à rendre l'atmosphère de plus en plus étouffante, même quand le ton se feint léger et pacifié.
"La fin d'un rêve est toujours pathétique", et les malles, posées sur la scène et derrière lesquelles chacune se réfugie, prolongent un crépuscule que les deux femmes voudraient éviter à tout prix mais que finit par mettre à jour un scénario digne du meilleur polar.

Jean-Marc Weber, l'auteur de la pièce, propose là un texte ciselé, au ton résolument moderne.
En mettant en scène le rapport mère-fille, il lève le rideau sur les questions non résolues qui polluent le présent et hypothèquent le futur.
Agnès Croutelle (la mère) et Magali Sivan-Parrini (la fille) entraînent le spectateur dans leur jeu jusqu'à l'épilogue, inattendu.