Énée fuit les cendres de Troie vers l'Italie où sa destinée lui dicte de fonder une nouvelle nation. Il fait escale à Carthage, Didon en est la reine. Elle tombe amoureuse d'Enée. Luttant contre cet amour par fidélité envers la mémoire de son mari défunt, elle finit par céder à sa passion. Mais Mercure vient rappeler Enée à son destin et le presse de quitter Carthage. Didon meurt de chagrin.

En s'appuyant sur la création collective, Samuel Achache et Jeanne Candel proposent un opéra "précaire" qui interroge d'autres espaces que ceux qui lui sont habituellement dédiés. Une petite formation musicale, composée de musiciens venant du jazz, amène un traitement de la musique qui ne cherche pas systématiquement son niveau suprême, mais qui, par frottement avec le théâtre, existe à tous les niveaux, du plus trivial au plus sacré. Les comédiens-chanteurs "rétrogradent" du chant lyrique au chant simple, jusqu'au fredonnement, faisant descendre les figures mythologiques jusqu'à nous.

Dans la chambre de Didon, chaque objet, accessoire, élément de décor est détourné, comme le sont les conventions opératiques, pour se confronter directement à la tragédie et sa représentation, aux sentiments extrêmes et thèmes qu'elle implique : aimer, quitter, dévorer, se laisser mourir.