Dans un espace scindé, chacun de leur côté, deux hommes s'observent. Ils se mesurent, ils se reniflent, cherchant vainement comment quitter l'endroit, comment être débarrassé de l'autre, l'intrus. Puis chacun avec ses moyens, la parole pour l'un, le silence et le dessin pour l'autre, ils commencent à tisser des liens. Violents d'abord, leurs échanges se font de plus en plus précieux et une complicité s'installe. Ils comprennent peu à peu que c'est ensemble qu'il leur faudra chercher une solution pour s'en sortir.

Roland Auzet convoque un duo d'acteurs "hors-norme" autour de la poésie de Christophe Tarkos. Deux monstres de savoir-faire: virtuosité de la langue chez l'un, virtuosité du trait chez l'autre, avec comme force commune celle de la présence du corps et de l'émotion. Deux êtres si différents et si semblables qu'au milieu d'eux s'engouffre l'humanité toute entière. Les Écrits poétiques de Tarkos, variations mécaniques, frontales, concrètes, drôles et terribles à la fois, leur servent de matière première pour définir le monde autour d'eux, à défaut de comprendre comment il fonctionne.

Un piano résonne tout seul, actionné on ne sait comment, peut-être par l'électricité dans l'air, contaminant la salle avec une musique aux dimensions multiples. Les situations s'enchaînent comme autant de paliers d'un escalier vertigineux que l'on gravit avec ces deux clowns vers une apothéose jubilatoire.