La nuit de Domino

Cette nuit là, à fleur de peau, il rentre...
L'implacable réalité de l'absence de l'être aimé envahit l'espace. Il parle, chante, danse, vit sa rage et sa démesure.
La frontière entre le monde des vivants, des morts, d'une communauté de spectateurs se floute, les murs de la maison tombent et le théâtre prend corps.
Dans ce voyage de colère, sensualité, douceur, rage, pensées, Domino transcende sa peine et s'achemine lentement vers la perspective d'un possible apaisement.

Bien sûr il y a l'aventure du 21ème siècle engagé dans une course folle entre productivité effrénée, guerres de pouvoir, nature et progrès, le retour des valeurs essentielles et la fin du monde !
Et puis il y a nos histoires de vies, nous, humains au milieu de la grande marche. Elles raisonnent entre elles, se répondent étrangement, à tel point que nous restons cloués d'émotion devant l'histoire de l'autre quand elle est portée au théâtre, au cinéma, aux arts plastiques, à la danse ou en musique.

Perdre l'autre... n'est ce pas une histoire que les uns connaissent, que les autres redoutent, qui se joue dans toutes les cultures, toutes les couches sociales, le dénominateur commun à chaque être de cette terre depuis toujours et à jamais...
La peur de mourir, la peur de vivre la mort de l'autre sans aucune forme d'évitement.

Oui, l'autre est mort. Tout s'est arrêté. Je me foutais de tout, la fin du monde pouvait venir, rien n'aurait égalé la douleur installée en moi. Je n'attendais rien. Et pourtant, lentement, continuant mon métier, la perte à peu à peu rejoint ma quête d'absolu, un besoin d'art brut, pur, sans concession. Le meilleur moyen d'honorer la mémoire de ce mort qui lui même vivait pour le théâtre était d'amener sur le plateau l'expérience de cette longue transformation.... Une histoire d'aujourd'hui, c'est aussi partager ce deuil éclairé par l'écriture dramatique et témoigner de ma présence d'être humain-acteur devant un public aussi large que la vie, l'art et la mort réunis.
Stephan Pastor

Dans le cadre de Voyages en solitaire(s) #1
Temps fort autour du monologue contemporain