Si Brecht écrit avant tout en réaction à la pièce de Johst (Le Solitaire), il le fait en mettant en scène ses propres icônes (Rimbaud, Villon, Verlaine) en dessinant la trajectoire d'un poète lyrique, buveur de schnaps et consommateur de femmes. Il le montre sous tous ses aspects : comportement prédateur avec la gente féminine, alcool, égoïsme, veulerie, mesquinerie....

Mais là n'est pas l'essentiel. Brecht dit de Baal qu'il est "asocial parce qu'il vit dans une société asociale". Grâce à son appétit vorace et insatiable, Baal déploie une énergie qui emporte tout sur son passage. Mais au-delà de son propre tourbillon, rien ne bouge. Le monde est toujours à sa place. Et par contraste, c'est le procès d'une certaine incapacité à transformer le monde dans sa réalité qui se déroule sous nos yeux ". Jean-Philippe Albizatti