En 1933, Erika Mann fondait à Munich, avec son frère Klaus et quelques jeunes amis artistes dont Thérèse Giehse et le compositeur Markus Henning, un cabaret antinazi nommé Die Pfeffermühle (le Moulin à Poivre en français). C'était un cabaret au programme littéraire fortement politisé : protestation aimablement divertissante et cependant passionnée et empreinte d'une amère gravité contre l'ignominie de la horde brune. Son programme littéraire et poétique très engagé révèle des jeunes artistes animés par la nécessité de résister au totalitarisme avec la seule arme dont ils disposent : le rire.

Loin de la reconstitution historique, la Compagnie Jean Séraphin se réapproprie cette aventure pour inventer son propre cabaret avec les moyens du théâtre d'aujourd'hui. Saynètes, chansons, numéros divers, marionnettes dans un joyeux désordre rythmeront la satire sociale et politique sans aucune solennité ni esprit de sérieux. Des choses variées donc, mais pas pour autant hétéroclites car toujours reliées par la même plume, poétique et burlesque, d'Erika Mann. En quelques numéros, 3 comédiens/nes nous précipitent joyeusement dans le monde inspiré du cabaret des années 30... avec le regard de notre époque. Ils se jouent des codes, les ouvrent à d'autres formes artistiques pour en souligner sa force contemporaine.