Odin : Il est bizarre, le môme ? C'est quelle race ? Il a des oreilles de boxer, un museau de rottweiler, il bouge comme un pitbull.
Emmanuel : Et il parle comme un dogue.
Odin : Exact ! Il parle comme un dogue.
Emmanuel : Ils font des croisements de plus en plus risqués.
Odin : Ca me fait drôle, moi, ces bêtes de laboratoire. C'est à se demander jusqu'où on ira.

Odin, Emmanuel, John-John. Trois chiens, candidats au concours d'intégration de la prestigieuse unité antiterroriste K10. Trois finalistes aux caractères opposés, un seul collier blanc. Comment les départager ? Le flair ou la force, le cynisme ou l'humanité ? La concurrence sera rude, et Dieu sera même de la partie.

Entre des épreuves aux airs de jeu télévisé, l'attente et la promiscuité accuse les contours de personnages bien trempés ; l'homme s'y découvre peu à peu derrière le chien, avec lui le cynisme de l'un, l'idéalisme de l'autre. Un jouet est lancé à la volée, le chien ressurgit soudain. Plus que d'humanité, c'est finalement d'inhumanité qu'il s'agit : l'homme est un chien pour l'homme, sans nul doute, et doit se faire plus chien que chien quand il rejoint les bataillons avant-gardistes de l'anti-terrorisme. Que restera-t-il d'humain derrière l'animal aux abois ?

Sur scène, arguments philosophiques et démêlées farcesques se donnent la réplique. La pesanteur du huis-clos ne cède jamais totalement le pas sur l'ambiance bouffonne et les dialogues caustiques. Presqu'un combat de clowns dans un univers tortionnaire. Entre comédie et drame, une pièce toujours en équilibre sur cette frontière si fine qui sépare le chien de l'homme.