Le cercle de famille s'est considérablement rétréci. Autour de la table, quatre chaises dont une seule est occupée par Johnnie, le fils. Il parle de sa vie de solitaire, misérable, morose et triste dans laquelle il s'est englouti.

" Il y a moi. Rien que moi, un peu plus vieux à chaque instant avec davantage de souvenirs. Chaque seconde devient du passé, comme tout ce qui s'est passé ici. Toutes mes attaches, mes souvenirs, tout est ici. "

Surgissant du passé, Hester, sa soeur presque oubliée, la brebis galeuse qui a fui toute la misère de cette famille et la haine de son père, revient après trente-cinq ans " d'exil ".
Le temps d'une nuit hantée par la présence du père dans l'autre pièce, leurs retrouvailles prennent vite l'allure d'une confrontation où se mêlent amour et violence. Ils vont se déchirer et se reconnaître en partant ensemble à la recherche de leur passé.
Johnnie va trouver de quoi alimenter ses rêves et Hester va s'enliser dans les méandres de sa mémoire, souhaitant vainement que du fond du gouffre jaillisse une lumière.

Certes, Johnnie et Hester sont blancs en Afrique du Sud, et on pourrait penser que cette couleur est une aide pour eux tant on a du mal à s'imaginer qu'il y a aussi des blancs pauvres à Johannesburg. En fait, ce sont des pauvres bougres du quart monde, et il faut les écouter, ils portent à leur manière un témoignage poignant sur le système social cruel.

Partout, Ailleurs, qu'en est-il de ceux complètement démunis, financièrement certes, mais aussi affectivement et culturellement ? Comment peuvent-ils survivre ?

Par la compagnie "Le petit théâtre d'Ernest"