Manoche dans Le piston de Manoche

Las, en entrant, il trébuche, ne se positionne pas bien dans la lumière du projecteur ; dès lors, tout dérape, tout part de travers... Cette entrée ratée donne le départ de Le piston !, une rocambolesque et poétique aventure, aux frontières de l'absurde, en compagnie de "Manoche", tendre et gaffeur clown au cornet à pistons.

Anti-conformiste, dissident de la "musique savante", Manoche tente de nous faire découvrir les secrets de l'instrument. Leçon qui sert de prétexte pour dresser un tableau souriant, sans méchanceté aucune mais réaliste, de certains travers de la société : du snobisme des "mélomanes", aux conservatoires et au conservatisme, à la bataille entre théâtres public et privé... mais aussi, le stress des animaux avant la corrida ou l'abattoir, le mariage de sa soeur ou.... les oeufs cuits ou crus. Mais, pauvre de lui, si dans sa démonstration, il jongle avec les mots, en retour, ceux-ci se jouent de lui. L'entraînant dans des situations qui lui échappent, où quiproquos et malentendus guettent...

Petit bonhomme accroché à son piston, Manoche voit les choses et les êtres avec candeur, renverse les évidences pour percer la vérité, joue avec les mots pour en bouger le sens. Pour rêver, il regarde le monde à l'envers, sa liberté est notre espoir et notre chance. Engoncé dans un costume étriqué, tel un adolescent qui ne s'est pas aperçu qu'il avait un corps d'homme, il dessine une bulle de bonheur qui rappelle une tradition perdue, celle des Chaplin, Keaton, Bourvil (pour sa fausse naïveté... et le piston) et Devos (pour la façon dont il jongle avec les mots). Avec ce très joli spectacle, drôle et sensible, on redécouvre le plaisir des mots et du rire qui en découle... Plus qu'un simple divertissement, faire rire sans avilir...