Votre Gustave La Virgule - Salon de Théâtre Affiche

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Salle
où cet événement eut lieu :
La Virgule - Salon de Théâtre, 59200 Tourcoing


- Cet événement n'est plus disponible à la réservation dans cette salle -
Jean-Marc Chotteau interprète les plus belles lettres de Flaubert, accompagné au piano par Françoise Choveaux, compositrice et soliste reconnue.

On connaît de lui Bouvard et Pécuchet, L'Éducation sentimentale et, bien sûr, Madame Bovary. On sait moins que Gustave Flaubert est l'auteur de plus de quatre mille lettres dont le style éblouissant constitue une oeuvre qui aurait pu suffire à sa célébrité.
Quand Françoise Choveaux, compositrice et pianiste à la réputation internationale, est venue voir Jean-Marc Chotteau pour envisager avec lui une collaboration à l'occasion de sa résidence au Conservatoire de Tourcoing, ils se sont mis très vite d'accord pour mettre en accord les jeux de la voix et du piano dans un spectacle original, à l'écriture vivante, aux incroyables résonances. À travers ses lettres, à Ernest son copain de classe, à Louise Colet sa maîtresse, à George Sand sa " chère bon maître ", mais aussi à Maupassant, Baudelaire, Tourgueneff et autres figures éminentes du XIXème siècle, Jean-Marc Chotteau compose en l'incarnant le portrait d'un écrivain hors norme, mais surtout d'un homme tout simplement, à la lucidité attachante et tonique bien que désespérée. Votre Gustave est plus qu'une signature, c'est une invitation à vous approprier un géant, si proche de nous.

Avant d'apposer son prénom au bas de ses lettres, Flaubert écrivait selon ses interlocuteurs : " Ton vieux bonhomme en baudruche ", " Ton vieux ganachon ", " ton vieux géant ", " ton vieux ", " votre vieux "... Il faut savoir que Flaubert employait déjà l'adjectif alors qu'il ne portait encore que des culottes courtes ! L'épithète ne devait donc rien à l'âge ! Peut-être l'auteur des quatre mille lettres de sa Correspondance voulait-il faire entendre par là que l'affection ou l'intérêt qu'il portait à ses proches n'avait pas la fugacité des passions de jeunesse. Cela nous dit aussi que c'est un homme qui signe, pas une statue sur laquelle le temps n'aurait pas de prise...
C'est bien l'homme Flaubert que Chotteau a décidé de porter à la scène, à travers ses amitiés, ses amours, ses coups de gueule, et ses réflexions désabusées sur une société qui s'enfonce dans la bêtise... A trente ans il demande à sa maîtresse Louise : " T'aperçois-tu que je deviens moraliste ! Est-ce un signe de vieillesse ? (...) J'ai quelquefois des prurits atroces d'engueuler le genre humain ".
Engueuler le genre humain ! Le gueuloir de Flaubert est mythique : c'était son bureau même, parfois son jardin, où le romancier interrompait son écriture pour la gueuler, la mettant à l'épreuve de l'oral pour vérifier si ce qu'il avait couché sur le papier répondait bien à son exigence d'une langue parfaite, pure et audible. Comme un comédien, Flaubert savait l'importance de pouvoir mettre " ses mots en bouche ", en ressentir la vie en les mettant à l'épreuve de sa propre respiration. Flaubert oxygène sa parole comme il rature les pleins et déliés de son manuscrit : aux murmures succèdent les montées en décibels, lui mettant, comme il le dit, " les poumons en feu ". S'il lui arrivait de hurler sa prose, c'est qu'il savait à quel point un mot mal placé rompt l'enchantement. On comprend alors qu'à la grande pianiste Françoise Choveaux, qui, dans le cadre de sa résidence de compositrice au Conservatoire de Tourcoing, était venue suggérer à Jean-Marc Chotteau de créer ensemble un spectacle, celui-ci ait proposé, alors qu'il se préparait à reprendre sa mise en scène de Bouvard et Pécuchet, de travailler sur Flaubert et sa Correspondance. Rien ne pouvait justifier mieux une telle collaboration que cette interdépendance chez Flaubert de l'écriture et de la lecture, de la lecture et de l'oral, et de l'oral avec la maîtrise du rythme et des sons. Piano et voix se mêleraient donc pour faire entendre l'harmonie et la puissance quasi cinématographique de ces lettres que beaucoup de critiques littéraires considèrent comme un chef d'oeuvre de littérature.
Jean-Marc Chotteau reprend ainsi la démarche qu'il avait initiée en 2014 dans son spectacle Hypotyposes, où, à travers l'interprétation de ses textes préférés, il s'attachait à mettre en lumière toute la passion d'un homme de la scène pour cette figure de style qui consiste à donner au lecteur, à l'auditeur, ou au spectateur, l'impression de voir ce qui est simplement, au départ, écrit. Les phrases de Flaubert, enrichies de l'univers sonore de Françoise Choveaux - dont le talent lui a valu de jouer et d'être jouée dans le monde entier, seront comme autant d'images photographiques ou cinématographiques pour composer le portrait d'un homme dont toute la vie est une lutte acharnée, épuisante, à la conquête de son idée sans concession du beau et du vrai.
Aucune des créatures inventées par Flaubert, celui de Madame Bovary ou de Bouvard et Pécuchet, n'est aussi réelle que le Flaubert de la Correspondance, l'homme de lettres, " prêtre, ascète et martyr ", comme l'écrit Borgès. On y lit un destin, et le personnage qui signe ses lettres vaut tous les héros de roman. Flaubert les signait aussi Votre Gustave. Jean-Marc Chotteau en fera le titre de son spectacle : il souhaiterait faire descendre le romancier du piédestal inaccessible où nos manuels scolaires le placent pour vous faire connaître l'homme, et le faire vôtre.


Auteur(s) : Jean-Marc Chotteau
Artiste(s) : Jean-Marc Chotteau, Françoise Choveaux
Metteur en scène : Jean-Marc Chotteau





Pour Tout public
à partir de 13 ans

Autres pieces

Langue : Français
Durée : 90 minutes soit 01h30





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