Une couleuvre, un lièvre, une fourmi, un lion, un corbeau, un agneau, un renard, une grenouille et... deux énergumènes ! Deux bêtes de scène qui effeuillent allègrement un bouquet choisi parmi les quelques 240 fables du célébrissime Jean de la Fontaine.
Le duo de clowns, tout de noir vêtu, donne la parole à une invraisemblable ménagerie qui va singer les comportements humains, fous, absurdes, injustes ou mégalos.
Quelques accessoires de fortune judicieusement détournés (plastiques, cartons récupérés dans notre poubelle de tri) et les voilà devenus lion prétentieux, boeuf poussif, agneau idiot, cigale écervelée ou autre chauve-souris malicieuse. Des hommes qui jouent des bêtes qui jouent des hommes... Leurs mimiques sont à rugir, à bêler, à coasser de rire mais jamais ne dénaturent tout le sel et l'esprit du fabuliste.

Ils incarnent tout un bestiaire bavard, hautement comique mais également hautement instructif car il s'agit bien ici d'une parabole futée évoquant le drôle de rôle des humains dans leur environnement, la violence aberrante qu'ils exercent sur leurs semblables et sur la nature.
Un enchaînement, ou plutôt un déchaînement de quinze fables, parfois à peine esquissées, mimées, ou revisitées façon Laurel et Hardy, hilarant ! L'inventivité de la mise en scène et l'excellence de l'interprétation dynamitent l'image désuète et moralisatrice de nos récitations d'écoliers, et c'est à braire de plaisir !
" Plaire et instruire " disait Jean de la Fontaine, et bien nous y voilà !