Antigone de Jean ANOUILH

La compagnie Intrusion, qui existe depuis juillet 2002, a élargi son domaine de compétence puisqu'en septembre 2006 s'est ouvert l'école de théâtre Intrusion.

Le niveau II de l'école a préparé pour sa saison 2006-2007, Antigone d'Anouilh. Les élèves de ce cours, âgés de 11 à 23 ans, se sont produits à l'auditorium de Villefranche sur Saône le 7 juin 2007 ; une première fois devant une salle emplie de scolaires puisque la pièce est au programme de français (des troisièmes issus du Collège ND de Mongré et du Collège Fénelon (Lyon 6ème) soit 220 scolaires) et une seconde fois, le soir, lors d'une représentation ouverte au public (211 spectateurs).

C'est avec surprise et bonheur que nous nous sommes vus, quelques jours plus tard, proposer de grandes salles de la région.

Mettre en scène Antigone d'Anouilh, une pièce qui, si l'on regarde sa date de création (1942), est déjà bien loin de nous, peut paraître une gageure. Toutefois, cette tragédie demeure saisissante et suffocante, universelle et indémodable. Les thèmes abordés comme celui de l'enfance éternelle, l'oppression, la mort sont toujours d'actualité. Le dessein d'Anouilh était de montrer la pérennité de la tragédie. Antique dans la forme mais moderne dans le fond, son Antigone aborde un événement historique bien connu : la deuxième guerre mondiale. Sous les traits de Créon, on peut reconnaître un mélange de Pétain et d'Hitler, tandis qu'Antigone incarne la figure de la Résistance. Toutefois, il semblait intéressant de réactualiser le tout de façon latente... Si Anouilh avait glissé des anachronismes dans sa pièce, ceux-ci sont maintenant obsolètes. Difficile donc pour des jeunes de percevoir le message de la pièce. Quelques détails bien contemporains ont donc été ajoutés aux anachronismes présents, tout en essayant de ne pas dénaturer la sublime tragédie que nous a offerte Jean Anouilh.

L'originalité de cette pièce, en outre, tient au fait que dès le début, le public sait, grâce à l'intervention du Prologue, qu'Antigone mourra. Elle va donc vivre, sous les yeux du public, ses derniers instants. Jusqu'au bout, menant une joute verbale sans merci, elle tentera de faire entendre raison à ce " roi des bêtes ".