Domino

De la nuit blanche au jour noir, le texte fait la traversée, secoué par la houle entre bouffées mélancoliques et accès d'euphorie, avec ses embruns blagueurs et son écume rimée. Ni tout à fait parlée, ni tout à fait chantée, la voix navigue au gré de la musique jouée " live ".

Sur scène, Judith Bernard (chroniqueuse dans Arretsurimages et romancière), et le contrebassiste David Cadiou : multi-instrumentiste, il est l'homme-orchestre de cette troisième version du spectacle, lui assurant sa dimension ludique, fantaisiste et aérienne. Alternant mélodie et bruitage, harmonie classique et swing jazzy, il porte les humeurs contrastées de l'insomniaque, nourrissant leur flux intarissable et leur tempo entêtant. Son travail " à la pédale " (système d'auto-enregistrement live permettant des samples et des effets de superposition), rejoue la tendance " auto-démultiplicatrice " de la pensée nocturne, engendrant elle-même son propre commentaire et sa reprise opiniâtre. Ainsi l'artiste fait-il musique et jeu avec l'un des symptômes les plus éprouvants de l'insomnie.