Elle parle d'elle, des boniches capitalistes, de l'apparence et de la qualité, des filles-mères, des pauvres à l'hôpital, de la bonne mort, de la vie de château, de ces messieurs de la société, de Marie Antoinette et de bien d'autres choses. Sa parole est ancrée dans le réel, dans sa tranchée de chaque jour.
Elle se parle à elle-même ou à qui veut l'entendre.
Brassaï l'a entendue. Brassaï est photographe. Sa matière c'est le Paris nocturne et interlope. Un Paris populaire et ombrageux, farouchement humain.

Brassaï le photographe devient écrivain. Il saisit les propos de Marie comme il photographie. Les courts textes sont des instantanés. Marie donne la matière, mais Brassaï fait le cadre, choisit la lumière, le temps d'exposition, la focale.
La parole de Marie alors s'amplifie, sort du cadre et devient oeuvre d'art.

Hélène Huret interprète Marie avec simplicité et franchise, donnant au personnage toute sa bouleversante et profonde humanité et laissant voir derrière une carapace rugueuse, une sensibilité pleine d'ironie et de malice.