Des personnages aux passés différents se retrouvent en marge de la société, dans un asile de nuit dirigé par Kostylev, qui se persuade d'être moins miséreux que les autres sous prétexte de récolter l'argent de ceux qui n'en ont pas. On y retrouve l'Acteur, perdu dans son théâtre et son alcool, le Baron, qui continue de vivre dans son passé, Pepel et Satine, qui ont la ruse de vivre encore au crochet de la société alors que Kletch continue à s'accrocher au travail pour se convaincre d'être moins miséreux, Nastia l'amoureuse, Vassilissa et son adultère. Puis, il y a Louka, le grand-père spirituel du pauvre, nomade et voyageur, qui montre le chemin de la sagesse et de l'espoir.

Cette pièce est pour Gorki une magnifique occasion de mettre l'Homme au centre, à travers sa volonté, sa détermination et sa force. Pour s'en sortir, l'Homme ne peut compter que sur lui-même " L'Homme peut tout, il n'a qu'à vouloir." (Louka).

Les bas-fonds sont fertiles, mais humides et souvent inondés. C'est là que se retrouvent les êtres rejetés. La société d'aujourd'hui favorise le combat individuel plutôt que la solidarité. Nos personnages tentent pourtant de recréer un espace social, huis clos des Perdus. Même si le soleil n'y pénètre pas, la force de leur humanité, leur soif de justice et de liberté donnent l'espoir d'une autre vie. Ils se frottent pourtant à l'homme lui-même, sa cruauté, sa violence et le chaos de ses sentiments.

La mise en scène fait vivre, par le mouvement des corps, la force du discours et la poésie qui se dégage, un monde où l'Homme a toute sa place et son avenir.