Dans cette pièce située dans la période de ses débuts, Ibsen utilise des recettes qu'il croit éprouvées : le théâtre, selon lui, ne peut traiter que des sujets historiques. Il reprend également les procédés du théâtre de Scribe (auteur populaire en France au début du XIXe siècle), dont il a pu voir plusieurs pièces représentées à Bergen et où les événements progressent par l'effet du hasard plutôt que par la volonté des protagonistes.

Toutefois, cette oeuvre est attachante en raison de la densité psychologique des personnages et des éléments selon lesquels l'intrigue est structurée. Le jeu impitoyable des passions (amour, sentiment maternel) et des ambitions (soif du pouvoir, désir de réussite, attachement à la patrie) y provoquera un coup de théâtre final inscrit dans la tradition flamboyante du théâtre romantique. Enfin, cette pièce est fondée sur le thème du secret révélé, qui formera la matière de plusieurs grandes pièces d'Ibsen. Plus que le théâtre de Scribe, elle évoque d'ailleurs davantage les drames de Victor Hugo (Marie Tudor, Lucrèce Borgia) construits autour d'une figure féminine dévastatrice. Mme Inger d'Ostraat fut créée à Bergen le 2.1.1855.

Dans les années qui suivirent, et jusqu'au début du XXe siècle, elle fut reprise dans plusieurs villes de Norvège, mais ne connut chaque fois que peu de représentations. Toutefois, elle reçut un avis positif de la critique, qui, tout en regrettant la complexité de son intrigue, en reconnaissait les qualités. Elle fut présentée en 1961 à la télévision norvégienne et un film en fut tiré en 1975 .