Un puzzle, Eléonore nous offre des morceaux de sa vie, tout en évoquant la recherche de son chien. Ce monologue, volontairement fragmenté, est la traduction du désordre mental dans lequel règne le personnage à la recherche d'une vérité refoulée. Elle nous parle, beaucoup...

L'intérêt de cette forme " cluedo " est d'inviter le spectateur à endosser le rôle du détective... C'est à lui de recoller les morceaux, de jongler avec les propos de cette femme, à lui de faire le tri entre le vrai et le faux, de s'interroger : qui est cette femme ? Est-elle folle, cynique ou autre chose encore ? C'est au spectateur de décider. Et c'est là, même une volonté de l'auteur. Des indices sont laissés ça et là pour ne jamais le décourager dans son enquête. Les mots et les notes, volent, virevoltent, se baladent de la scène à la salle... On jongle sans cesse entre humour et gravité !

" A la première lecture du Chien Bleu, je suis immédiatement attirée par le personnage... Eléonore au moment du César... (vous comprendrez quand vous aurez vu le spectacle !), sa folie douce, ses phrases décalées et ses mots drôles. " Je veux jouer le rôle de cette femme ! ". Je lis toute la pièce, un vrai puzzle, elle me surprend, m'entraîne, me chavire, m'émeut... elle divague et me fait rire. A ce stade, Le Chien Bleu n'est qu'un texte, Eléonore me livre ses maux, je décide de lui donner ma voix.

Comme une amie dont on fait connaissance avec le temps, au fil des mois, des exercices puis des auditions, Eléonore apparaît, se dévoile, se révèle. Cette femme souffre mais elle en parle avec tant de légèreté, de détachement. Tout ce qu'elle vit est " légèrement grave ".
" Se libérer par la parole "... une vraie prise de conscience, Eléonore apparaît comme le miroir de tant de femmes de notre société qui érigent une barrière entre leur vie privée et le monde qui les entoure. "

Orianne