Un texte relatant la crue de la Garonne en 1856, bouleversant, désespéré, cruellement humain. Le comédien Jean-Claude Dreyfus en faisait la lecture. Il a la prestance et la truculence, le coffre nécessaire à des mots qui sonnent comme un témoignage. Ses petites manies autour de lui, son thé, ses gâteaux, la lampe sur son visage, ses bras, ses mains qui volent et tourbillonnent. Il postillonne, il éructe, sa voix graillonne, rauque, tombante parfois, aphonie, grattement de gorge, la guitare électrique de Nicolas Ehretsmann ponctuant l'événement avec une tension qui souligne l'insoutenable. Un reportage comme aucun journaliste de nos jours ne saurait le transcrire; seul Zola a le talent de raconter et de passionner autour d'une banale et heureuse famille de paysans vivant leur prospérité et qui perdent tout en si peu de temps... Sa petite chanson en fin de lecture apporte une gouaille et une note désabusée à un texte dont le malheur infini accable l'auditeur qui aimerait que cela cesse. Pas la lecture, pas la truculence, pas la vie dans la voix mais tout ça, la couleur d'un ciel moqueur et blanc, comme pur, la lente montée d'une eau sans pitié, l'allongement de la liste des cadavres, et la survie d'un vieillard qui sait l'injustice de survivre aux siens.

Un texte à découvrir ou redécouvrir, d'une actualité poignante et universelle en ces jours dramatiques que vit la terre...