Jean-Marc Pouletaut propose un travail artistique singulier, dont les caractéristiques découlent aussi bien de la formation artistique initiale de l'auteur que de sa situation particulière. En effet, dans la continuité de ses études à l'école d'art de la Villa Arson à Nice, il s'est d'abord positionné dans la lignée des plasticiens abordant la peinture de manière analytique et critique. De plus, ayant progressivement perdu la vue tout en poursuivant sa pratique de peintre, il livre une oeuvre qui dispense nombre de questions essentielles sur la mémoire, le geste, la perception et sur le rapport général que chacun entretient avec la matière, la forme et la couleur.

Son oeuvre récente se présente sous la forme de dessins crypto-calligraphiques, à l'encre de Chine, répétition illimitée d'un geste précis, toujours le même et toujours différent. En développant sa peinture, ainsi que l'avait écrit Max Charvolen : "Jean-Marc Pouletaut enrichit notre vision". Dans cet esprit d'ouverture, il choisit désormais des titres faisant référence à des animaux sauvages ou domestiques, pour leur essence poétique, en apparente contradiction avec le contenu formel des pièces.

Malgré 1/20ème de vision qui lui reste, l'artiste peut encore s'exprimer, superposant des formes et des lignes en une fuite éperdue liée aux mouvements de la main et du poignet. Arabesques se dessinant à l'horizon du trait et enveloppant les rapports entre les masses, veines de lumière blanche traversant la matière noire, rouge ou bleue éclatée de l'encre de Chine, l'énergie de la création se libère à travers ce geste essentiel, libre dans sa contrainte, obstiné et toujours renouvelé.