La chatte sur un toit brûlant

"On a tous en nous quelque chose de Tennessee" dit la chanson. C'est vrai. Tennessee Williams parle à chacun de nous ou plutôt à nos entrailles. Son théâtre révèle les failles terriblement humaines que nous portons tous au plus profond de nous - la conscience de sa propre mort, la solitude qui en découle, le besoin d'être aimé, la peur du rejet - accentuées par le poids écrasant de la société, puritaine et conformiste, ne tolérant pas la différence, en faisant une déviance. Comment vivre alors ? Mentir devient la solution. Mentir aux autres, mentir à soi-même.

Voici quelques thèmes avec lesquels les personnages de La Chatte sur un toit brûlant vont se débattre. Le temps d'une soirée d'été chargée d'électricité, lourde et moite, annonçant "l'orage " à venir. Le passage du jour à la nuit, ce moment si particulier que l'on nomme "Entre chiens et loups"...
Et l'on ne croit pas si bien dire puisque le spectateur est invité à entrer dans la cage aux fauves. Dans la riche propriété terrienne de Big Daddy dont c'est l'anniversaire, la famille est réunie afin de fêter l'événement. Tout le monde est là. La mère, le fils ainé Gooper et son épouse Mae, Brick, le cadet et sa femme Margaret. Sans oublier le Docteur et le Révérend.

Mais c'est plus précisément, dans la chambre de Brick et Maggie que le spectateur pénètre. Impudique, le voilà qui assiste aux affrontements d'êtres blessés par la vie entrant à tour de rôle, dont l'humour grinçant vient comme un coup de griffe souligner l'immense tristesse de leurs vies abîmées. Au coeur de l'intime, la parole ne peut se dire facilement. Tension, violence et révélation. Mensonge et conspiration. Fantômes. On écoute aux portes. On espionne. Jusqu'au règlement de compte final où la loi du silence sera brisée.

Les vérités si longtemps dissimulées vont pouvoir enfin se révéler comme un jet de pierre lancé à la figure de chacun. Pourront-elles être évitées sans se blesser ? Et comment survivre à leur lumière brutale puisque dorénavant les arrangements qui rendent la vie supportable ne suffiront plus...