Dans les Appalaches

Et les idées ne leur font pas peur.D'autant qu'ils vont finir par se lancer dans une véritable compétition de catch intellectuel à qui franchira le plus les limites de l'entendement. Et tout va y passer.
Du jeu de cour de récréation à la problématique de l'avenir, à commencer par le leur, en passant par les poissons de Saint-Antoine de Padoue," le fonctionnement" de "l'univers" lui-même, le "génie" qui court les rues", le chômage, "les retraités incognito", la jeunesse qui "ne s'apprend pas", les têtards des Appalaches, la mort et la métaphysique...
Ils sont très sérieux, c'est pour ça qu'ils font rire. C'est aussi pour ça qu'ils nous fascinent. Leur condition humaine, c'est aussi, c'est d'abord la nôtre, dans son absurdité, sa fragilité, son tragique et sa vitalité.
Et quand même ,il s'en pose des drôles de choses dans les Appalaches !

En première partie Anne David nous interprète à la guitare des chansons de son répertoire.

"D'où viennent-ils, ces deux-là, paumés, égarés, le corps encore debout mais le cerveau en dérapage continu, fatigués mais persuadés que personne ne repère qu'ils sont au bout du rouleau ?,,, On veut bien les croire mais, plus que des profs, ils sont les clochards célestes de Kerouac et ces huluberlus de l'absurde qui attendent patiemment l'impossible et s'arcboutent dans un combat perdu d'avance.
Nos deux passants groggy se promettent sans cesse de " réfléchir " et de "se reprendre". Mais tout file entre les mots de leur dialogue, pourtant brillant. Luc Cendrier écrit des répliques comme "A quel âge ça peut être la jeunesse ?", "Le jour où la mort précèdera la naissance, on gagnera du temps", ce qui le place souvent à la hauteur des Allais, Ribes ou Dubillard. Les deux misérables se demandent, en cours de route, "par quoi on commence". Ils tournent en rond, se disent qu'il faudrait réfléchir "haut de gamme" ou atteindre au "génie" mais n'y parviennent pas. Pas du tout !

Avec Cendrier la comédie de l'échec est une affaire victorieuse. On y rit sans cesse, à la meilleure hauteur cérébrale.
Porteurs d'un texte acrobatique, aux difficultés piégeuses, Luc Cendrier lui-même et Marie-Claire Davy mettent en place un jeu de quête mentale de toute beauté : ils font éclater des instants de certitudes dans un tangage où s'enroulent implacablement les incertitudes. Leur spectacle ne permettra guère de visiter les Appalaches – il faut toujours se méfier des titres - mais nous apprendra que la grande époque du duo comicmétaphysique, qu'on croyait révolue, est revenue grâce au tandem Cendrier-Davy."

- Gilles Costaz (web-theatre/dans les Appalaches)

Première partie : Anne David
"Nous nous sommes amarrés l'un près de l'autre. Une heure plus tard, vous avez offert à ma famille un concert qu'il m'est impos sible d'oublier.Tout m'a frappé : votre présence d'abord, incon testable, votre musique si personnelle, vos textes tendres et drôles, parfois nostalgiques. Bref : le talent. Je ne vous ai pas revue mais je vous entends encore."

- Alain Decaux (de l'Académie Française)