Dans cette pièce elliptique aux accents cinématographiques que l'on contemple à travers les vitres d'un compartiment, le temps se dilate au gré des tunnels.

Une histoire d'amour comme un voyage. Cette métaphore, Marc Lainé la prend au pied de la lettre en retraçant, le temps d'un trajet en train, la trajectoire d'un couple. Une trajectoire banale, belle et forcément triste, entre deux destinations autant qu'entre deux personnes que leurs milieux sociaux opposent. Lui enseigne dans une petite ville de province, elle rend visite à ses parents. Au mitan des années 1970, leurs chemins se croisent pour ne former qu'une seule ligne de vie, qui se déroule sous nos yeux au rythme des passages souterrains et de la musique originale du violoncelliste Vincent Ségal.

Poursuivant ses recherches à la croisée du théâtre et du cinéma, le metteur en scène imagine un dispositif vidéo qui, à l'aide de trois caméras mobiles, filme en direct et alternativement l'intérieur d'un compartiment et le parcours d'un train électrique à travers une maquette. Une manière de redonner toute son importance à ces paysages périphériques, témoins immuables de nos existences.