Ces personnages réclament le droit à l'existence, viennent raconter leur drame et surtout vivre deux scènes clés qui les tourmentent, les déchirent et les plongent dans une incompréhension mutuelle. Ils déversent leur histoire par fragments tout en se disputant entre eux. La scène devient une espèce de tribunal ou chacun exprime sa rancune, sa douleur, son amertume, sa honte, sa colère, son mépris...
Ces personnages sont en quelque sorte des oeuvres d'art inachevées, vivantes et en mouvement. Ce sont des êtres libres et autonomes qui réclament de vivre avec ou sans l'avis de l'auteur qui les a créés. Mais paradoxalement ils sont aussi dépendants d'un auteur pour parachever leur existence.

De prime abord, la metteure en scène perçoit leur demande comme une plaisanterie émanant de fou, puis elle se laisse convaincre de porter leur drame devant un public à travers le prisme du théâtre.

Tantôt, les comédiens vont devenir spectateurs attentifs face au récit du drame des personnages. Tantôt, les personnages seront des spectateurs sceptiques devant leur drame représenté par les comédiens.

Luigi Pirandello utilise le procédé de la mise en abyme, qui consiste à introduire dans son oeuvre un reflet et ainsi fait oublier aux spectateurs de la salle que la scène de répétition relève de l'illusion au même titre que l'entrée des personnages.
On peut se demander alors quelle est la frontière entre illusion théâtrale et réalité ?