La vertu d'Anatole

Anatole a toujours été berger. Sans véritable famille il vit au milieu des moutons et partage la soupe avec le vieux paysan qui l'emploie. Le jour où celui-ci vient à mourir, il lui lègue ses terres et sa fortune, sans oublier de le mettre en garde " méfi, méfi des femmes ". Ce conseil, Anatole ne le comprend pas.

Lui qui n'était qu'un jeune homme naïf, n'intéressant pas la gent féminine et vierge de toute expérience sentimentale, est devenu grâce à sa fortune nouvelle, l'homme à épouser.

Il tombe rapidement dans la combine machiavélique élaborée par Don Fouine, le curé du village aux moeurs bien douteuses. Et voilà, notre petit berger marié à Alissia, une " mignonne " complice de l'homme d'église. Son coeur bat la chamade pour la première fois, il ne rêve que d'une chose, vivre sa nuit de noces. Il supplie encore et encore sa femme de lui présenter ce secret qu'elle cache et qui l'effraie autant qu'il l'attire.

Il se jouera alors une multitude de situations faites de quiproquos, d'absurde et de poésie où la grande naïveté du berger sera mise à rude épreuve.

La vertu d'Anatole est belle, touchante, émouvante mais le monde qui l'entoure n'est que bassesse, perversité et manipulation. De la rencontre de ces deux antithèses résulte des situations burlesques, dont le comique du ridicule et de l'exubérance parviendrait presque à faire oublier l'immoralité de l'histoire. L'accent de la Provence apporte même une douceur à la laideur des manigances.

En adaptant ce vieux fabliau du XIIème siècle, Serge Arnaud l'a voulu intemporel. Son absence de décor fait exister les corps et les accessoires dans une cage noire. Les corps accessoirisés, les corps accessoires, les accessoires donnant corps aux personnages. Le rythme s'impose par l'énergie du jeu, les corps en mouvement tantôt dans des déplacements saccadés, tantôt dans une valse étourdissante.

Le comédien et le narrateur ne font qu'un, le jeu d'acteur est multiple, c'est un tourbillon de personnages pris dans un conte-théâtral.