Connaissez-vous Laura Wilson ? Peut-être pas, mais vous l'avez sûrement rencontrée sous d'autres noms, noyée dans la foule, dans le métro, dans la rue, ou en attendant le bus.
Des hauts et des bas : c'est un lot commun. Et parfois la chute, la dégringolade. C'est ce qui arrive à Laura Wilson et à beaucoup de gens très bien. Laura perd son emploi, divorce, perd son appartement, perd la garde de son petit garçon. Et cependant elle combat avec vitalité et puise où elle peut la force de poursuivre.
C'est ce combat qui compte ici, plus que son issue. Un combat trépidant, intense, volontaire, ancré dans l'instant et l'expérience, où il s'agit de survivre au coeur d'un monde indifférent cynique et pingre.

Pour raconter cette histoire, Piemme coud délicatement des fragments, des "modules" qui sont autant de moments d'intensité particulière, des éclats théâtraux et musicaux : récits ou scènes, qui mêlent différents niveaux d'énonciation, avec des narrateurs qui sont parfois les personnages se racontant eux-mêmes ou bien témoignant des autres, parfois les acteurs eux-mêmes qui racontent les personnages.

Le ton alterne entre comique et tragique, à l'instar de Brueghel, Piemme mélange les genres. Le temps n'est jamais linéaire, il bondit, se dilate, s'accélère, se suspend, s'efface... Pas une ligne continue donc, mais un récit discontinu, collage de points de vue.
Discontinuité dramatique qui rime avec la précarité de Laura. Et qui renouvelle sans cesse notre intérêt et nécessite une écriture scénique adaptée, basée sur un théâtre direct, un travail choral des acteurs, une variété des registres et un mélange équilibré entre théâtre, sons et musique.