C'est sur cette didascalie que se clôt La cerisaie, dernière pièce de Tchekhov, achevée quelques mois avant sa mort. Et c'est au milieu d'une oliveraie, en Corse, qu'est née Notre petite cerisaie, mise en scène par Olivier Borle (déjà présent au Toboggan la saison passée pour son superbe Mangeclous).

Avec une distribution mêlant des interprètes de Corse et de métropole, cette adaptation fait le choix d'épurer le texte original de ses intrigues secondaires, afin d'en faire ressortir - et, peut-être, mieux ressentir - la beauté tragique, en recentrant l'action sur les personnages les plus importants de l'histoire.

La pièce s'ouvre sur la célébration du retour de Lioubov, exilée à Paris après la mort prématurée de son dernier enfant. Ces retrouvailles, marquées par la redécouverte chargée en émotions de la superbe cerisaie du domaine, vont très vite se transformer en adieu : en effet, le domaine va être vendu aux enchères, afin d'éponger les dettes de la famille.

Peu à peu, nous rentrons en contact avec les enjeux intimes de ces personnages hantés par l'absence, la peur du changement ou le ressentiment, avant de les voir évoluer, selon les réactions des uns et des autres, face à un monde en pleine mutation. Sans qu'il soit nécessaire d'être un expert du contexte socioéconomique et politique de la Russie à la fin du XIXème siècle, on touche alors, du bout des yeux jusqu'au fond du coeur, à ce que la pièce recèle d'intemporel, d'universel - bref, au noyau dur de ce chef-d'oeuvre qu'est La cerisaie.