À la fois romancière, dramaturge, autobiographe, épistolière et journaliste engagée, elle est sur tous les fronts, mère, amante, écrivain pléthorique, intellectuelle tenaillée par l'idéal républicain. Il faut se défaire de l'image éculée de George Sand auteur de romans champêtres délicieusement surannés, comme des stéréotypes réducteurs qui collent à la peau de ladite croqueuse d'hommes et fumeuse de cigares. Car apprécier justement George Sand, c'est tirer un trait sur son image respectable, mais c'est aussi rester sourd aux trompettes de la renommée pourvoyeuses de scandales.

George Sand donnerait tout son être à la musique. Or, la voilà sur scène entourée de trois musiciens. Elle veut retraverser sa vie, et par là progresser dans sa compréhension du monde. Elle convoque des amis et quelques figures du siècle. Elle les attire dans une rencontre au présent, dans une confrontation, dans l'intimité d'un échange. Elle chemine, elle pense et elle raconte aussi. Sa solitude parfois, ses bonheurs ou son désespoir, et toujours son obstination à être une femme libre dans un monde structuré par la supériorité de la barbe. On voudrait la croiser dans les années 1830 à Paris, classe et plutôt jolie en costume de jeune homme. On rêve de la suivre à Venise avec Musset en 1833, puis à Majorque avec Chopin en 1838. On se laisse bientôt captiver par cette force irradiante qui attire ses illustres amis dans son jardin d'Eden à Nohant. Et encore, à la fin, on veut jouir comme elle de chaque instant de sa vieillesse et courir avec elle après les papillons.