nos écrans bleutés

Derrière cette comédie humaine, c'est la décomposition d'une famille qui s'esquisse, mais la pièce met d'abord le doigt dans l'oeil du petit écran, à l'endroit le plus vulgaire. Pas pour faire mal. Pour faire rire. A moins que ce ne soit la même chose. C'est donc à un " reality show " que nous assisterons.

Nous visiterons une famille dans sa vraie maison, avec ses vrais enfants, ses vrais chiens, ses vrais problèmes que la télé va résoudre en direct. Car la télé soigne, la télé guérit, la télé sauve. La télé vue aujourd'hui comme une vieille malle qu'on entrouvre pour en sortir le linge sale des autres. Mais le téléspectateur est roi et exigeant, il se lasse très vite. Alors, après " ma femme me quitte ", " je me bats avec mes voisins ", " mes enfants me bouffent ", " je dois maigrir ", " j'ai trop emprunté "... quelle idée neuve saura éviter le zapping et protéger de la perte d'audience ? Dans cette farce au vitriol se cache l'arme absolue, l'aboutissement de l'absurdité d'une société " spectacularisée " : le suicide en direct ". Gilles Granouillet