Sa version du Petit Poucet, pour le moins décapante, est un véritable thriller pour six personnages : le père, la mère, Poucet, l'ogre et son épouse et, dans le rôle principal, la Faim !

L'une des originalités de cette adaptation tient à la richesse d'une mise en scène construite sur plusieurs niveaux de lecture.
Dans la pure tradition picaresque, on suit les aventures haletantes de Poucet, véritable survivant opiniâtre, dont les péripéties régaleront les plus jeunes.
Devant les situations souvent pathétiques des protagonistes, on rit beaucoup dans ce Petit Poucet, même si parfois on rit un peu jaune.
Le cynisme, le désespoir, voire le manque de maturité, conduisent les parents de Poucet à choisir pour lui des options de vie plutôt dangereuses. Par ailleurs, en transposant la figure de l'ogre dans le monde de la finance, Laurent Gutmann réserve un sort jubilatoire et métaphorique aux méchants.
Ainsi, n'écartant aucun des symboles parfois effrayants du récit, Laurent Gutmann en déjoue pourtant la morale, de manière absurde et décalée, pour le meilleur de cette traversée de l'enfance.
Car, au fond, on finit toujours par retrouver le chemin de la maison...

Ce spectacle beau, fin et drôle convoque avec beaucoup d'ambition l'esprit critique des enfants. Et ce n'est pas si fréquent.