Mozart n'en était pas à son coup d'essai dans le domaine de la musique pour ensemble d'instruments à vent, mais ses divertimenti k166 et 186, composés en 1773, oeuvres charmantes et délicates destinées à être jouées en plein air, semblent de portée limitée en regard de l'immense sérénade k361. L'évolution du style de Mozart au cours de la dizaine d'années qui séparent ces pièces paraît donc tout à fait remarquable. Dans aucune page contemporaine, on ne trouve une ampleur orchestrale - treize instruments à vent - si exceptionnelle que dans cette sérénade. Mozart y fait appel à deux hautbois, deux clarinettes, deux cors de basset, quatre cors, deux bassons et un contrebasson ou une contrebasse. Mozart a eu pleinement conscience des divers coloris qu'il pouvait tirer de l'association d'instruments aux timbres si différenciés: soli, duo ou quatuors dialoguent avec des tutti puissants et transparents à la fois, ce qui fait dire à Einstein qu'ici aucun instrument "n'est, à proprement parler, traité en style concertant, mais chacun peut, chacun veut se distinguer ; et chacun conserve aussi son caractère propre". Pour donner encore plus d'ampleur à cette œuvre et rentrer d'avantage dans l'univers de son compositeur l'ensemble Musica 8 a entrecoupé les sept mouvements de la sérénade par des lettres de Mozart. Des lettres qui vont dans la continuité de sa musique. Le tout sous la direction de Sébastien Billard, chef aux orchestres de la garde républicaine.