"En Europe, rideau de fer, drapés rouges, ors, noirs, velours, tissus, prennent en charge ce moment.
Les spectateurs que nous sommes assistent, à chaque représentation, à ce dévoilement auquel nous ne prêtons plus vraiment attention. La fréquentation des scènes japonaises classiques a renforcé mon intérêt pour ce moment particulier. Au Bunraku, il y a souvent un premier lourd rideau d'apparat proche de la tapisserie qui accueille l'entrée du public. Il disparaît verticalement, par le haut des cintres. il découvre un rideau rayé vert, noir, rouge qui disparaît à son tour. Apparaît alors un rideau noir pendant qu'un accessoiriste lui-même voilé vient présenter la pièce qui va être jouée. ensuite, il sort en criant un long et étiré "Tôzaiiiiii..." ("d'est en ouest"...).
Il y a là une véritable chorégraphie verticale, horizontale. Le théâtre est une machine à voir et le rideau est sa paupière. Tôzai !... se pense comme un mille-feuille d'ouvertures, comme un effeuillage de rideaux permanent."
Emmanuelle Huynh