Pénétrant son souci solitaire, la voix d'un homme s'invite, en off. Et cette voix, douce et tranquille, agace le repli de la femme immobile, insulte sa détresse. Le flamenco est là, naissant comme une aurore noire, dans la solea d'une femme qui résiste et ne se comprend plus.

Dans le sillage de sa lutte infinie contre le temps, viendront à sa rencontre, au gré d'une succession de tableaux chorégraphiques : une petite fille, une élève, une jeune femme, une complice, une rivale.

Souvenirs ou réalité ? Femme une ou multiple ? Sur le plateau, un miroir, oeil et âme, réfléchit, tendre et assassin, les deux danseuses au bord du gouffre de leurs rages, sur les thèmes de l'insatisfaction, la mémoire, la transmission, la rivalité, la mort, le désir et la joie.

Structurant leur progression, une voix off portera, en filigrane, les clés de leur métamorphose. C'est là, dans l'atmosphère feutrée d'une correspondance, que se fera entendre la voix impassible de l'ami, présence irrévocable qui contient et révèle.

Deux musiciens accompagnent l'évolution des danseuses sur une création musicale originale d'Olivier Vayre qui puise dans des univers sonores éclectiques pour tisser le fil tendu d'une ferveur flamenca revisitée.

Dos a tiempo, défi métamorphique de la danseuse à travers l'existence, s'opère dans l'écrin féminin d'une loge d'artiste, loge témoin et mémoire. Un paravent, un miroir, des robes suspendues. N'est-ce pas là, dans l'intime de cette femme, que tout se joue, comme un salut sensuel en diable pour qu'Eros et Thanatos, dans l'éclat d'une pensée qui s'éveille, la pare d'un corps nouveau ?

" Ma chère amie, je vous attendrai à la gare de Niort. " Un corps nouveau s'empare d'une valise. Seule sous la douche de lumière, une femme à l'arrêt. Son coeur ne bat plus, il se tait, il sait que."

Par la Compagnie flamenca La Morita.