Visite guidée : Splendeurs et misères : Images de la prostitution, 1850-1910
par Mathou Loetitia

Au XIXe siècle, quand fleuristes et ouvrières ont du mal à boucler leurs fins de mois, la prostitution est d'abord clandestine et codifiée.
À cette époque-là, une femme honnête ne va pas seule dans un bar. Les cafés étaient fréquentés, en particulier à l'heure dite de l'absinthe, entre 5 heures et 7 heures, par les prostituées.

Derrière les façades des maisons closes (loi de 1829), la prostitution est autorisée. C'est un univers très réglementé, où chaque professionnelle doit être enregistrée à la préfecture de police et se soumettre régulièrement à des contrôles, surtout pour dépister des maladies comme la syphilis.
Tout en haut de l'échelle de la prostitution, on retrouve les courtisanes, des femmes entretenues qui viennent souvent du monde du spectacle. A la fin du XIXe siècle, dans un Paris qui se transforme et s'urbanise, la figure de la courtisane, demi-mondaine, cocotte ou fille de maison close, fascine et inspire tous les artistes, écrivains, peintres, musiciens ou photographes, qui n'ont cessé de rechercher de nouveaux moyens picturaux pour en représenter réalités et fantasmes.

Orsay traite de la prostitution, de ses lieux, de ses acteurs et offre un panorama de cet univers fascinant où se côtoyaient les grandes courtisanes, "étoiles de la prostitution", à l'ascension sociale effective, les femmes entretenues qui donnaient le la de la mode, les comédiennes dont tous les talents ne s'exerçaient pas sur la scène, les provinciales naïves qui "tombaient" peu après leur arrivée dans la capitale, les filles de bordels à l'espérance de vie limitée.
Et, face à elles, les hommes, aristocrates s'encanaillant, bourgeois amateurs de chair fraîche, jeunes gens faisant leur éducation sexuelle, soldats en permission – et artistes, bien sûr.

De L'Olympia de Manet à L'Absinthe de Degas, des incursions dans les maisons closes de Toulouse-Lautrec et Munch aux figures audacieuses de Vlaminck, Van Dongen ou Picasso, l'exposition s'attache à montrer la place centrale occupée par ce monde interlope dans le développement de la peinture moderne. Le phénomène est également appréhendé dans ses dimensions sociales et culturelles à travers la peinture de Salon, la sculpture, les arts décoratifs et la photographie.
Un riche matériau documentaire permet enfin d'évoquer le statut ambivalent des prostituées, de la splendeur des demi-mondaines à la misère des "pierreuses" qui racolaient dans les terrains vagues et les carrières du Paris en pleine rénovation.

A Savoir :
Il faudra régler en supplément sur place les droits d'entrée et une participation à la réservation en groupe soit 10Euros en nocturne et 12Euros en journée.