Imaginez un être né de plusieurs mamans, il aurait la tête d'un bantou d'Afrique, le coffre d'une chanteuse gospel, la main d'un griot inspiré, une jambe qui danse à Harlem et l'autre qui mène la battle au Sénégal, une énergie universelle... Voilà ce qu'incarne l'inénarrable Patrice Kalla lorsqu'il se plante, face public, droit comme une lance, souple comme un roseau pour raconter l'histoire d'Eboa King et de tous les personnages de son odyssée enchantée.

Pat Kalla revient au Polaris avec un spoken word à l'africaine, accompagné de six musiciens aussi survoltés que lui (guitare, basse, batterie, clavier, saxophone, trompette). Cette création est un tendre clin d'oeil au griot-chanteur camerounais Eboa Lotin, figure emblématique de la parole douala.

Pat fut bercé par ses histoires, puis grandissant, voyageant, il se nourrit de soul-music, de funk, de slam et toujours de contes fabuleux. Et c'est ce mélange épicé que le conteur/chanteur/musicien nous sert sur un plateau aromatisé aux brins d'herbes dorées de la savane mais nullement au goût suranné d'un continent noir caricaturé.
Il nous raconte son Afrique, à travers le portait d'un enfant sans abri, d'un vieux bluesman fatigué ou d'Eboa King fabuleux Orphée d'ébène. Les histoires fantastiques de la vraie vie d'aujourd'hui, les récits traditionnels traversés d'instrumentaux jazzy, une rythmique incisive, un groove afro-soul blues : tout cela métissé génère une alchimie magique, énergisante qui fait vibrer les mots du poète rigolard monté sur ressorts.