Le médecin malgré lui
Théâtre du Gymnase Marie-Bell

Les deux premières parties du spectacle : "Avant le lever" et "Lever de rideau avec Jean-Baptiste" auraient pu s'intituler "Les coulisses du théâtre du XXIè au XVIIè siècle".
En effet, lorsqu'ils entrent dans la salle, les spectateurs assistent à l'arrivée des comédiens et à leurs préparatifs. Le rideau de scène est censé être baissé. A partir d'une compilation d'anecdotes vécues, choisies et, bien sûr, théâtralisées, le public est témoin d'une vie "possible" des artistes et des techniciens avant la représentation, à leurs habillages, maquillages, à leurs tracs, à leurs exercices, à leurs techniques de mise en condition... Dans la deuxième partie, ce sont les interrogations du metteur en scène quant à ses choix et ses incertitudes, puis ses rapports avec les interprètes. Cet intermède rebondit avec l'arrivée de Molière, lui-même, qui nous invite à remonter le temps pour répéter, devant nous, avec ses comédiens.

Ce prologue, à travers des situations et des personnages originaux et drôles, peut répondre aux nombreuses questions que se pose le public autour de notre métier.



Note de mise en scène
Molière a écrit Le médecin malgré lui pour brocarder les médecins de son époque ce que l'on peut comprendre quand on sait que l'essentiel des remèdes était constitué de saignées et de lavement. Aujourd'hui, la causticité de son discours est un peu hors de propos mais il nous reste une magnifique leçon sur un phénomène immortel : "la tchatche"
Qui a déjà croisé un vendeur d'ordinateurs lui vantant les mérites des derniers modèles avec force détails techniques à grands coups d'octets, de gigabits, de ram et de pixels sait de quoi je parle. Qui a déjà croisé un concessionnaire automobile lui évoquant des arbres à came, des soupapes, des vis platinées et des joints de culasse sait de quoi je parle.
Qui a déjà croisé un conseiller financier lui expliquant les intérêts obligataires, les warrants, les SCPI et les prélèvements sur prime d'admission sait de quoi je parle. La liste serait interminable et les "tchatcheurs" qui ne maîtrisent pas leur sujet sont légions.

A côté des professionnels compétents (je ne veux froisser personne) on trouve beaucoup d'usurpateurs dont la seule qualité est une force de conviction qui ne repose que sur des connaissances fragmentaires et une confiance en soi souvent associée à un sens de la plaisanterie d'inégal niveau qui laisse pantois. Sganarelle du Médecin malgré lui est en quelque sorte leur père spirituel, preuve s'il en est que la pièce est résolument moderne au sens large du terme.

C'est cette aisance dans le discours et cette faculté d'asséner des demi vérités voire carrément des mensonges que notre travail (ce "notre" n'étant pas un pluriel de majesté, mais plutôt le reflet d'un travail d'équipe) tentera de mettre en exergue. Mais en s'amusant bien sûr, comme j'espère vous vous amuserez aussi à cette représentation du Médecin malgré lui...