Ça commence ainsi : "Je peux aussi, si vous voulez..." et elle nous raconte tout ce qu'elle peut faire : trier les enveloppes ou simplement les ouvrir, nettoyer les vitres, se taire, courir, gardienne, remplaçante, fileuse, distributrice, classeuse, metteuse, actrice...

Vous ne pouvez pas vous imaginer l'énergie qu'elle déploie pour faire ou vouloir faire ou serait-ce pour chercher obstinément quelque chose et tenter de nous le révéler, mais quoi ?
Un grand secret, un "choc" comme elle le qualifie. Elle voudrait trouver le moyen de "déchoquer". Ce trop-plein de vie à travers rires et pleurs cache une douleur, une solitude, une nostalgie d'une femme en quête, peut-être tout simplement d'elle-même...
À travers un humour ravageur, Serge Valletti sait rendre leur sublime humanité à ces êtres que l'on dit simples et qui nous renvoient toute la profondeur, le mystère et la complexité de l'existence.

Extrait :
"Je peux aussi, si vous voulez, trier les enveloppes... Ça, je sais le faire : on regarde l'adresse et puis le numéro, et je classe par numéro... Ou alors les vitres, je nettoie les vitres, j'arrose les plantes, ou alors je reste là sans rien dire ! Je peux le faire, ça aussi... Regardez... là j'ai rien dit... Je peux même le faire encore plus longtemps... Qu'est-ce que je peux faire encore ? Plein, plein de choses... Pas chanter, ça non, je sais pas chanter... Mais enfin, d'autres choses, plein, à part chanter... Et il y en a... La course à pied par exemple...
Là, je peux pas vraiment le faire parce que ce n'est pas pratique, mais dehors, on sort dehors, je vous le fais... Course à pied, et marche aussi, en se dandinant, on voit que le popotin qui va à droite et à gauche, je peux le faire, suffit de prévoir assez de Stérilux pour les ampoules."