Siècle des lumières. Dans cette époque où l¹amour est considéré comme une fausse vertu, une marque de politesse, et où l¹on arbore fièrement sa virtuosité dans l¹art d¹être cruel, un libertin, une libertine, se lancent, un soir de dés¦uvrement, dans une joute de secrets d¹alcôve.

Leur conversation porte avec ironie sur leurs conquêtes respectives, puis très vite un jeu sournois s¹installe : se séduire l¹un l¹autre. Ne s¹estimant pas dupes, ils pousseront pourtant la partie jusqu¹à se laisser piéger par la vérité des sentiments dont ils se jouent si brillamment.

Cette ¦uvre concise de Crébillon fils est un petit bijou assez mal connu du public, contrairement à « sa grande s¦ur », Les Liaisons Dangereuses.

Pourtant, derrière la vivacité du dialogue et les réparties aiguisées, traitées dans le plus pure style verbal du XVIIIème Siècle, le propos de cette pièce est d¹une remarquable actualité ; peur pour son ego, peur d¹être sincère, peur d¹exposer ses émotions, tout simplement peur d¹aimer. Se masquer derrière la dérision pour ne surtout pas avoir à dévoiler son coeur, voilà qui fut autrefois une mode, un passe-temps réservé à une élite quelque peu léthargique et désabusée : les libertins. Aujourd¹hui c'est un petit talent caché qui sommeille en chacun de nous, un « joker » qu'il nous est bon de sortir lorsque nos émotions risqueraient de parler pour nous.