Visite guidée : Exposition Mondrian figuratif

Des toiles blanches parcourues de lignes horizontales et verticales noires délimitant des carrés et des rectangles rouges, jaunes, bleus, voilà ce qui vient à l'esprit quand on parle de Piet Mondrian, pionnier de l'abstraction. Le musée Marmottan-Monet nous invite à voir un autre Mondrian, le très beau peintre figuratif des débuts et la diversité des styles qu'a expérimentés Mondrian, en recherche constante, et l'évolution rapide de sa peinture. Abstraction et figuration ont longtemps coexisté dans l'oeuvre de l'artiste néerlandais et n'étaient pas contradictoires. Les 70 oeuvres exposées viennent de la collection du diamantaire Salomon Slijper, qui, en 1915, a été séduit par les toiles de Piet Mondrian (1872-1944) et s'est mis à lui acheter 180 oeuvres en l'espace de 15 ans, essentiellement entre 1915 et 1920, puis léguées en 1972 à sa mort au Kunstmuseum Den Haag. Slijper permet à Mondrian de vivre à une époque où il est obligé de faire des copies d'oeuvres. Le collectionneur le découvre chez une amie du peintre. Pendant la première guerre mondiale Mondrian ne peut pas retourner à Paris, où il était parti en 1912. Slijper va lui acheter son fonds d'atelier resté en France sans l'avoir vu, lui acheter des oeuvres et lui en commander.

Ce que Slijper aime chez Mondrian, c'est sa peinture figurative. Il lui achète une peinture abstraite, cubiste, la Composition No IV de 1914. Et il lui demande de sélectionner une suite représentative de sa production depuis ses débuts, où figure un lièvre mort peint alors qu'il avait 19 ans, dans la tradition de la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Dans les années 1898-1907 Mondrian peint des paysages de campagne, de fermes, brumeux, aux couleurs sourdes, brumeux, qu'il appelle "paysages intérieurs". Mais rapidement, les couleurs changent, deviennent plus stridentes, acidulées, irréelles. La couleur est son premier pas vers l'abstraction. Sous l'influence des symbolistes, des divisionnistes et des fauves, Mondrian exalte la couleur et son rayonnement. Très loin de la réalité, ses tableaux rayonnent par une infinité de touches de toutes les couleurs. Mondrian découvre le cubisme sans le voir, à travers des lectures qu'il interprète à sa façon. Ses formes se font plus géométriques. Il arrive à Paris en 1912 et se met à peindre comme les cubistes, Il tend vers l'abstraction, même s'il travaille toujours à partir d'un motif dessiné réaliste. Ses recherches de plus en plus abstraites ne l'empêchent pas de peindre encore des oeuvres figuratives, comme un autoportrait dans la plus pure tradition. A partir des années 1920, il se consacrera exclusivement aux peintures abstraites qui sont les plus célèbres. Slijper en a possédé trois. Les deux hommes finiront par s'éloigner car le collectionneur aurait aimé que Mondrian continue à lui vendre des oeuvres figuratives qu'il ne veut plus faire. Mais jusqu'au dernier jour Mondrian a peint des fleurs. Il faisait une rose tous les matins, comme un musicien ferait des gammes...

A Savoir :
Le lieu de rendez-vous sera précisé sur la contremarque après achat.