
La jeune Jamie et la jeune Dee, l'une Noire, l'autre Blanche, se rencontrent en prison quelque part dans les Etats-Unis des années cinquante.
"Comme si tous les Cieux étaient une Cloche,
Et l'Être, rien qu'une Oreille
Et Moi, et le Silence, une Race étrange
Naufragée, solitaire, ici."
Emily Dickinson Je perçus des Funérailles, dans mon Cerveau.
La jeune Jamie et la jeune Dee, l'une Noire, l'autre Blanche, se rencontrent en prison quelque part dans les États-Unis des années cinquante. Naît entre elles une amitié, une complicité, une envie de poursuivre la route ensemble. Elles se rêvent en domestiques, s'entraident, répètent fiévreusement leurs rôles de bonnes à tout faire. Quelques années plus tard, elles partagent le même logement sordide. Leurs rêves, si modestes qu'ils aient été, se sont heurtés au mépris de classe et à la ségrégation.
Par des allers-retours entre les deux époques, Naomi Wallace donne à cette relation impossible la forme d'un miroir brisé.
Il y a dans l'oeuvre de Naomi Wallace, certainement aujourd'hui une des plus grandes autrices du théâtre américain, une tonalité singulière. Son théâtre a clairement une dimension de critique sociale fondamentale : il s'agit toujours pour elle de pointer sans relâche les violences, les injustices criantes, qui sont celles de l'Amérique contemporaine ; Et moi et le silence ne fait pas exception à ce souci premier. Naomi Wallace y dénonce la brutalité des rapports de classe, le racisme obsessionnel qui marque encore à maints égards la société américaine.
Mais cette nécessaire dénonciation ne relève pas d'un projet politique par trop sommaire où le slogan et le catéchisme tiendraient lieu de béquille. Dominique Hollier, l'excellente traductrice de Naomi Wallace, écrit ceci : " Naomi Wallace part des corps pour décrire le corps social ". Il y a une tendresse extrême, une empathie constante dans la façon dont l'autrice met en scène Jamie " l'Afro-américaine " et Dee " la Blanche ". Dures au mal, violentes, mais profondément émouvantes dans leur désir encore teinté d'enfance de donner un sens à leur vie, d'échapper à la pauvreté, d'être " quelqu'un " dans un monde où tout les condamne à n'être rien.
Il y a chez Naomi Wallace une attention à la détresse de l'autre, il y a aussi une musique ou une musicalité particulière dans son écriture. On est, dès la première lecture, saisi (et la traduction de Dominique Hollier joue là un grand rôle) par la limpidité de la langue, et dans un même temps, par une sorte de fantaisie, de goût de la cocasserie, un quelque chose qui relève du charme de la comptine enfantine. C'est ce mélange qui fait la grâce, la poésie, de cette oeuvre singulière.
En outre l'autrice mêle de façon troublante les temporalités dans lesquelles évoluent ses deux personnages : on passe sans transition des scènes du passé - qui se déroulent en prison - aux scènes du présent, neuf ans plus tard, qui se déroulent " dans une petite chambre presque vide, dans une ville, quelque part aux États-Unis ".
Mais c'est précisément cette façon d'articuler un indispensable réalisme à une dimension presque onirique et une inquiétude existentielle toujours présente qui donne à ce théâtre un charme si prégnant loin de tout plat naturalisme. C'est aussi ce qui rend l'entreprise de mise en scène particulièrement stimulante.
Distribution :
Auteur : Naomi Wallace
Traduction : Dominique Hollier
Mise en scène : René Loyon
Conception lumière : Laurent Castaingt
Création costumes : Nathalie Martella
Dramaturgie : Laurence Campet
Scénographie : Nicolas Sire
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Pour tout public
Langue : Français
Emily Dickinson Je perçus des Funérailles, dans mon Cerveau.
La jeune Jamie et la jeune Dee, l'une Noire, l'autre Blanche, se rencontrent en prison quelque part dans les États-Unis des années cinquante. Naît entre elles une amitié, une complicité, une envie de poursuivre la route ensemble. Elles se rêvent en domestiques, s'entraident, répètent fiévreusement leurs rôles de bonnes à tout faire. Quelques années plus tard, elles partagent le même logement sordide. Leurs rêves, si modestes qu'ils aient été, se sont heurtés au mépris de classe et à la ségrégation.
Par des allers-retours entre les deux époques, Naomi Wallace donne à cette relation impossible la forme d'un miroir brisé.
Il y a dans l'oeuvre de Naomi Wallace, certainement aujourd'hui une des plus grandes autrices du théâtre américain, une tonalité singulière. Son théâtre a clairement une dimension de critique sociale fondamentale : il s'agit toujours pour elle de pointer sans relâche les violences, les injustices criantes, qui sont celles de l'Amérique contemporaine ; Et moi et le silence ne fait pas exception à ce souci premier. Naomi Wallace y dénonce la brutalité des rapports de classe, le racisme obsessionnel qui marque encore à maints égards la société américaine.
Mais cette nécessaire dénonciation ne relève pas d'un projet politique par trop sommaire où le slogan et le catéchisme tiendraient lieu de béquille. Dominique Hollier, l'excellente traductrice de Naomi Wallace, écrit ceci : " Naomi Wallace part des corps pour décrire le corps social ". Il y a une tendresse extrême, une empathie constante dans la façon dont l'autrice met en scène Jamie " l'Afro-américaine " et Dee " la Blanche ". Dures au mal, violentes, mais profondément émouvantes dans leur désir encore teinté d'enfance de donner un sens à leur vie, d'échapper à la pauvreté, d'être " quelqu'un " dans un monde où tout les condamne à n'être rien.
Il y a chez Naomi Wallace une attention à la détresse de l'autre, il y a aussi une musique ou une musicalité particulière dans son écriture. On est, dès la première lecture, saisi (et la traduction de Dominique Hollier joue là un grand rôle) par la limpidité de la langue, et dans un même temps, par une sorte de fantaisie, de goût de la cocasserie, un quelque chose qui relève du charme de la comptine enfantine. C'est ce mélange qui fait la grâce, la poésie, de cette oeuvre singulière.
En outre l'autrice mêle de façon troublante les temporalités dans lesquelles évoluent ses deux personnages : on passe sans transition des scènes du passé - qui se déroulent en prison - aux scènes du présent, neuf ans plus tard, qui se déroulent " dans une petite chambre presque vide, dans une ville, quelque part aux États-Unis ".
Mais c'est précisément cette façon d'articuler un indispensable réalisme à une dimension presque onirique et une inquiétude existentielle toujours présente qui donne à ce théâtre un charme si prégnant loin de tout plat naturalisme. C'est aussi ce qui rend l'entreprise de mise en scène particulièrement stimulante.
Distribution :
Auteur : Naomi Wallace
Traduction : Dominique Hollier
Mise en scène : René Loyon
Conception lumière : Laurent Castaingt
Création costumes : Nathalie Martella
Dramaturgie : Laurence Campet
Scénographie : Nicolas Sire
La distribution du spectacle ✨
Mise en scène :
René Loyon
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À propos de Et moi et le silence
L’événement Et moi et le silence de type Théâtre contemporain, organisé ici : Théâtre de l'Epée de Bois - Cartoucherie -
Paris, n'est plus disponible à la vente.
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