Vu du pont

Ou plus exactement dans les bas quartiers de Brooklyn où viennent s'échouer les rêves de ceux qui ont traversé l'Atlantique en quête du paradis américain. C'est à travers les désillusions d'un homme ordinaire que Arthur Miller met en scène l'obsession, la jalousie et la trahison de ces pauvres gens au destin fragile, forcés de composer avec deux types de lois : celles d'un pays et celles de "la jungle".

C'est avec sa touche habituelle aux couleurs très cinématographiques que notre compagnie invite une fois de plus son public à une immersion totale dans l'univers que l'auteur a choisi de nous faire partager.

C'est un univers de dockers venus d'ailleurs, d'immigrés de plus ou moins longue date, restés italiens dans l'âme mais dont la plupart ont définitivement mis le cap sur le rêve américain qui commence obligatoirement par l'enfer des quais ; sorte de purgatoire regorgeant d'hommes et de femmes coincés entre des caisses dans un monde de conteneurs en bois surmontés de linge étendu entre des échelles qui mènent nulle part.

Ils ont traversé l'Atlantique mais le plus dur reste à faire pour rejoindre l'autre rive du fleuve où se dressent ces gigantesques immeubles censés conduire les plus méritants au énième ciel. Ici c'est Brooklyn, quartier imprégné d'odeur de café, de bananes, de toutes ses marchandises mais aussi, de dollars difficilement gagnés et d'histoires difficilement vécues.
Comme le laisse entrevoir Arthur Miller, nous nous efforçons de rappeler qu'à cette époque, si New York était au bout du pont de Brooklyn, Brooklyn était avant tout sous un pont de New York.

Décors : Jean-Michel Guilmet
Lumières : Jean-Louis Alessandra
Musique : Martial Paoli