Arthur Rimbaud a 19 ans en 1873 lorsqu'il écrit Une Saison en Enfer. Quelques semaines auparavant, il avait reçu une balle de son amant Paul Verlaine. Ce poème fleuve est à la fois une profession de foi et un rejet du religieux.

Rimbaud exprime ses souffrances proches de la folie, qui l'ont conduit aux portes de la mort, pour peu à peu recouvrer la raison. Un cri de colère, d'angoisse, de peur. Il questionne son identité... et la nôtre par la même occasion.

Un poème livré sur scène par une comédienne est forcément une incarnation, une tentative de "rendre vrai" une réalité supposée existante, au moins dans l'esprit du poète. La scène est le lieu de cet imaginaire.

La mise en scène d'Abdulrahman Khallouf se déploie autour d'une scénographie évolutive et poétique où Elise Monniaux nous livre les mots d'Arthur Rimbaud dans une ambiance onirique envoûtante.

Le rythme est soufflé, intense, oscillant entre apaisement, apnée, folie et inanition. Tout est tourbillon, comme cette créature mystérieuse qui suit le poète, tourne, court, s'arrête, le contemple et lui donne à se contempler lui-même et les autres. Le poète et son reflet sont les esclaves de cet être chimérique, émanation des angoisses d'Arthur Rimbaud.