Gueule d'égarée

Julie, une femme d'une trentaine d'années, entre dans un bar. Elle vient de passer une annonce. Mais l'homme qu'elle doit rencontrer n'est pas là.

Alors, de petit verre en petit verre, elle raconte : ses deux enfants, son mari séparé et l'attente du divorce. Elle est heureuse et ne cherche actuellement que d'éphémères relations après avoir vécu une sexualité imposée par un mari qui ne recherchait que son propre plaisir. Et c'est sans la moindre hésitation qu'elle lui lance un adieu sans retour.

Une femme libre vient s'épancher au comptoir. Libre... dans tous les sens du terme. Julie est en instance de divorce, et donc " disponible ". Mais surtout, elle mène sa sexualité comme elle l'entend. Avec beaucoup de fraîcheur, elle nous révèle ses aventures, comiques et pathétiques à la fois.
Car Julie est une femme seule et la solitude – même choisie, même voulue- a toujours quelque chose de pathétique.

Gueule d'Egarée exhale le parfum des meetings féministes et autres spectacles militants de la fin des années 60.
C'est du théâtre là où on ne l'attend pas, dans un lieu public et populaire qui n'est pas dédié au théâtre et à l'art en général. C'est surtout du théâtre social qui sait être drôle et c'est là toute sa force.

Mais attention ! Gueule d'Egarée n'est pas un spectacle réservé aux femmes ! Car le protagoniste incontesté de ce spectacle sur la femme, c'est l'homme. Ou plutôt son sexe ! Il est toujours là, parmi nous, grand, énorme, qui nous guette... et nous écrase !

" A nous autres femmes il est prescrit que notre homme aura désir de chair nouvelle, peau fraîche, seins jeunes, qu'il cherchera une autre voix, une autre bouche. Ainsi va le monde, depuis toujours. " (Extrait de Médée d'Euripide)