Requiem pour une nonne

Quoi de plus douloureux qu'une tragédie humaine.Le mérite de cette pièce est d'en exposer une sous diverses facettes . Néanmoins,Les excellents comédiens (on le ressent cette qualité pêndant le spectacle) n'ont pas été placés en situation d'extérioriser avec pertinence cette souffrance;faire vibrer d'émotions les spectateurs à travers la salle est semble-t-il l'objectif de tout comédien. Sans doute la réussite ou l'échec d'atteindre cet objectif dépend,en grande partie, du responsable de la direction des comédiens (metteur en scène ?. Hélas,cette pièce se présentait plus comme une succession de lectures de dialogues et peu comme un spectacle de théâtre digne de l'ATHENEE.Mais l'absence d'émotions est rémissible: en respectant le postulat du maestro des lieux, L. Jouvet, soit jouer avec ses tripes et moins avec ses cordes vocales. L'acoustique de la salle doit être mieux utilisé par les comédiens, notamment par le personnage du père, éffondré par le chagrin de la mort de sa fille: qu'il hurle sa souffrance avec ses tripes, mais sans hurler. Sur scène, on a vu un père souffrant de sa lâcheté d'homme et dans son orgueil blessé de mari trompé par son épouse, et moins de la mort de sa fille. Il serait plus d'actualité, en 2005, d'accentuer le jeu des acteurs sur cette dimension de la douleur humaine: quelle est la perte la plus insupportable aujourd'hui(celle de son amour-propre ou liée à la mort de son enfant, voire de sa petite fille pour un père)? Par ailleurs, l'un des thèmes abordés, est que les êtres humains ne sont pas égaux face au mal: certains ont la capacité, la force de caractère suffisant pour affronter et vaincre le mal dont ils sont victimes (la baby-sitter); d'autres sont impuissants face au mal et y succombent (pulsion de mort, d'autodestruction "programmée" diraient des psychanistes ?)sauf intervention extérieure (miracle surnaturel ou rite sacrificiel monstrueux de nature infanticide relevant des "messes noires", tel est l'acte commis par la baby-sitter).Peut-on croire que le salut de la mère, la sortir de l'enfer du mal (prostitution, adultère, etc), est acceptable à n'importe quel prix et au détriment de valeurs humaines supérieures, par exemple la vie d'un enfant? Je préfère Antigone qui n'a pas sous-traité (même inconsciemment ou implicitement) la responsabilité d'un acte de rédemption du genre humain à un tiers; elle a assumé. Elle est donc à classer,c'est certain, parmi les êtres humains aptes à faire face au mal.C'est pire que du courage. La vérité pour un Homme, c'est ce qui fait de lui un Homme, écrivait ST Exupéry dans Terre des hommes. Le monde tragique de Faulner et de Camus est ainsi bien désespérant. Le jeu des acteurs est, tout le moins de restituer cette tragédie et ce désespoir avec leurs tripes. Ils en sont capables. Merci à eux. Cordialement, PATS

Malgré toutes les références de qualité (Faulkner, Camus, Jacques Lasalle, M.J. Croze ...)le spectacle m'a semblé froid, sans émotion, je n'ai senti ni passion ni douleur et bref les 2h30 m'ont semblé bien longues et artificielles. Il a falu que je lise et relise les divers commentaires écrits pour percevoir la lutte entre plaisir et culpabilité, justice et racisme etc... etc ... Tout au plus ai-je ressenti le besoin de lire Faulkner pour vérifier si la source est plus convaincante. Par contre l'Athénée organise un débat lundi entre juriste et littéraire qui donnera peut-être une meilleure idée du sujet. Cependant la salle était pleine, un bon signe ? Marie Roule