Fawzy Al-Aiedy

Chanteur irakien installé à Paris depuis plus de 25 ans, Fawzy Al-Aiedy chante l'Orient, mais un Orient où le monde moderne affleure sous les senteurs de roses et les broderies de luth. Ses concerts sont des rencontres complices et intimes, où la tradition du maquam (mode musical), savant et populaire, devient support de l'improvisation en une intense communion culturelle.

Lecteur assidu de voyages au long cours, de contes où les princesses persanes charment les méchants vizirs de leurs chants mélodieux, Fawzy Al-Aiedy se fait le poète musical d'un navire oriental qui ferait des embardées vers le jazz. Fawzy Al-Aiedy est né en Irak, dans la ville portuaire de Basra. A 14 ans, il commence à prendre des cours de chant. L'élève est doué et l'un de ses professeurs, d'origine tchèque, lui décroche un stage à Varsovie. Mais nous sommes en 1968 et le parti Baas prend violemment le pouvoir en Irak. Une loi interdit désormais à tout citoyen irakien de quitter le territoire. Fawzy Al-Aiedy est désespéré. (*) Après un service militaire en tant que musicien, Fawzy réussit à partir pour Paris en 1971… Au Conservatoire de Boulogne-Billancourt, il apprend le hautbois avec tant de brio qu'il gagne un prix de fin d'études. II publie son premier album sur le très érudit label "Chant du Monde", disque sur lequel il chante en arabe et joue du luth et du hautbois. Très vite, il crée un succès d'estime renforcé par des tournées "intensives" en Europe, dans le Golfe et en Afrique du Nord. Virtuose du hautbois et du cor anglais, joueur de oud en cachette (les maîtres traditionalistes avaient jugé ses doigts trop courts pour pouvoir pratiquer le luth), Fawzy Al-Aiedy est plus qu'un simple musicien doué.

La musique de Fawzy Al-Aiedy concentre une double volonté : communication avec ses auditeurs et avec d'autres cultures. Il improvise sur les maquams (mode musical savant) traditionnels (nahawend, hidjaz, rast...) tout en développant sa propre voie artistique. Le maquam est à la fois le lieu qu'occupe le musicien et le mode dans lequel il va travailler. Dans le monde arabe, l'improvisation est une forme de musique essentielle, selon divers modes et l'humeur. Le maquam, chanté ou instrumental, est particulièrement cultivé en Irak où il représente un élément essentiel du prestigieux héritage abbasside.

Fawzy mêle musique écrite et musique orale, art savant et art populaire. Il déploie ainsi sur son oud et dans son chant, servi par une voix qui prend au cœur, une émouvante tradition mélodique et poétique. Dans le spectacle « Oud Aljazira » (trio Oud-Chant / Percussion / Violon oriental), ses improvisations sont portées par la rythmique complice et la frappe exceptionnelle à la derbouka de Mustapha Ettamri et par les envolées mélodiques du violon de Farhat Bouallagui dont l’archet virevoltant sur ses cordes font jaillir l’âme et la sensualité de l’Orient. Leur connaissance des nombreux rythmes ou cycles traditionnels orientaux (Sama'i, Djurdjina, Daridj, Masmoudi...) leur sert à développer les improvisations rythmiques et le dialogue avec le oud et le violon. Le travail des doigtés détachés et la maîtrise des instruments leur permet de créer des polyphonies subtiles sur un groove torride.

Parce qu'il vit depuis plus de vingt-cinq ans à Paris et qu'il a su faire connaître la musique irakienne contemporaine au grand public européen, il est l'un de ces artistes qui sont des points de passage entre l'Orient et l'Occident, l'un de ces modestes et talentueux artisans de la paix. Les musiciens s'installent dans leur concert en une émotion retenue…Laissez-vous transporter par la magie de leurs interprétations…