Duo Lucia Recio et Didier Petit

La tentation lyrique C'est ce qu'on dit, non sans raison, question de tessiture, d'intonation. Faire chanter son violoncelle, rien de plus naturel. Quant à la voix, la voix féminine surtout, elle semble accordée au chant comme la cigale à l'été. Ils ont choisi une autre voie : en refusant les facilités de l'immédiat ( et même du médiatique ), en inscrivant leur approche du côté de ce qui lutte en nous contre la séduction lyrique, d'abord ils nous surprennent, ensuite ils nous prennent, enfin ils nous comblent. Car l'exploration de tous les possibles ( instrumentaux, vocaux ) n'est pas là pour fuir la tentation du chant, au contraire. Trouvailles, puis retrouvailles. Lucia Recio et Didier Petit aident à ce que nos oreilles conservent leur fraîcheur première. Pour un plaisir décuplé.

Chanteuse d'origine andalouse, Lucia Recio vit à Lyon est s'est produite notamment avec Lorenzo Reci, Michel Robert, Jean-Marc Montera, Juan Carmona, ainsi que dans plusieurs formations du collectif Arfi. Elle fait actuellement partie de nombreuses formations, et chante souvent en duo avec des artistes comme Xavier Garcia, Fred Frith, Denis Charolles, Eric Brochard ou Christine Wodrascka. Elle se produit également en solo, exécutant des performances sensibles à chaque fois réinventées.

Pour ce concert, elle se produit avec Didier Petit. Depuis 25 ans, Didier Petit pose un regard sur le son qui nous environne. Avec son violoncelle qui s'avère être ici un instrument aux facettes multiples et insoupçonnées, il propose une musique singulière qui écoute le monde, une aventure autour d'un violoncelle gratté, chanté, frotté, piqué le tout enregistré à Minneapolis à la fin d'un voyage américain...

" À un moment, j'ai levé le nez de la partition pour découvrir ce qu'était la musique et j'ai trouvé un instrument que je ne connaissais pas ! J'ai tout appris de lui et, avec le temps, à jouer de lui, à être tout contre lui, à l'envelopper. À incarner les sons qu'il produisait, car toutes les musiques doivent être incarnées pour exister. Du coup, la voix est apparue comme une continuité. La voix est celle du violoncelle. D'ailleurs, je ne peux pas chanter sans lui. André Minvielle dit que je chante en braille, j'aime assez cette idée. Mes doigts sont comme des yeux et ils dirigent mes cordes vocales. "