Pour Lucrèce

Une fois de plus, Giraudoux s'attaque à des personnages intégristes dont il dénonce le fanatisme et le jusqu'auboutisme. Dans "Pour Lucrèce", le combat puritains/libertins fait rage sur fond de guerre des sexes et d'émancipation des femmes. Quelques problèmes techniques (lumières, sono) pour cette représentation, mais les acteurs assurent et s'étripent joyeusement dans une mise en scène efficace. Un bon cru.

Un texte difficile et subtile parfaitement exécuté, on sent la passion des comédiens à l'interpréter. Une mise en scène sobre

La pièce est intéressante, la présentation par le metteur en scène est bien venue. La vision de cette histoire que nous propose Giraudoux ne manque pas d'originalité. Cette "Procureuse" (!), dans sa grande vertu qu'elle veut imposer à toutes et tous est out simplement monstrueuse. Paola n'est d'aillerus pas en reste. Ce sont donc les femmes qui mènent le bal. J'espère simplement que les comédiens prendront de l'assurance au fil des représentations, et que leur jeu sera à la fois plus fin et plus affirmé. Ce spectacle pourra alors être un véritable bon cru.

j'ai passé un très bon moment, la pièce est intéressante, les comédiens sont très bons.

Excellente soirée au Nord-Ouest avec cette pièce de Giraudoux réécrivant à sa façon une vieille histoire romaine plus ou moins légendaire, celle du viol de Lucrèce. J'ai beaucoup aimé le jeu des acteurs, en particulier celui d'Hélène Robin en Paola qui sait mettre en lumière la complexité des êtres, les dégâts de la frustration vertueuse et la possible grandeur du vice, mais aussi la dimension charnelle de l'amour et la puissance du fantasme. Son interprétation vibrante sert la modernité du texte lorsqu'elle exhorte Lucile à renoncer à sa froide posture de censeur universel pour s'occuper de regarder sa vie en face et de la vivre désormais pleinement. En somme d'exercer sur elle-même le pouvoir révélateur de son regard. Et si, au prix d'un viol imaginaire, dans sa volonté fiévreuse de rappeler à Lucile son corps oublié, elle rejoint le machiavélisme de Madame de Merteuil, elle libère par là sa rivale d'un corset mensonger et cette libération jette paradoxalement une lumière hardie et féministe sur un auteur que l'on dit parfois conventionnel. La mise en scène dépouillée d'Alain Michel qui situe l'action à la Belle Époque pour la rapprocher de nous, sans abolir totalement la distance, dévoile efficacement ce que peuvent de tout temps cacher l'apparence du vice et celle de la vertu.