En s'installant au coeur d'une famille musulmane et au coeur des conflits qui la traversent, en reprenant et en inversant le mythe d'Antigone, ils s'interrogent sur ce dont demain sera fait en Tunisie et dans le reste du monde, puisque le destin des nations est maintenant mondialisé. Autour de Hayet, l'avocate militante des droits de l'homme, et d'Amina, la jeune islamiste, des êtres de chair et de sang occupent le plateau pour faire entendre jusqu'où il est possible d'aller dans la schizophrénie, l'autisme, la peur de soi, la peur des autres et dans les affrontements meurtriers qui peuvent en découler.

Acteurs laïques engagés dans la révolution tunisienne de 2010, annonciatrice du gigantesque tsunami des "printemps arabes", Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar questionnent aujourd'hui leurs concitoyens. C'est un théâtre-fiction qu'ils imaginent, pour faire surgir les dangers d'aujourd'hui en nous plongeant dans un futur anxiogène de guerre civile.

Première rencontre avec l'univers du metteur en scène Fadhel Jaïbi, artiste en résidence internationale à Chaillot. Après le succès d'Amnesia, pièce prémonitoire qui décrivait, quelques mois avant la "révolution de jasmin", la chute d'un dictateur, il poursuit avec Tsunami une trilogie consacrée à l'histoire contemporaine de la Tunisie, un cycle dominé par la question de la mémoire : "Un pays sans mémoire est un pays qui ne sait jamais où il va." Jean-François Perrier