Si nous n'étions pas dans un conte, nous verrions les choses autrement. Nous penserions peut-être que si les reines avaient deux sous de jugeote, elles modéreraient leurs transports esthétiques avant de désirer un enfant à la peau aussi blanche que la neige, aux lèvres vermeilles comme le sang et aux cheveux aussi noirs que l'ébène de leur palais... Car il peut toujours naître une jolie petite fille, surpassant toutes les autres en beauté, et apportant son lot de complications.

Si nous n'étions pas dans un conte, nous demanderions aux miroirs d'être un peu plus polis, et ils réfléchiraient à deux fois avant de dire leurs vérités aux reines. Car il n'est jamais bon de refléter trop fidèlement ceux que le pouvoir et la jalousie corrompent.
Et puis, si nous étions Blanche-Neige et que nous étions réfugiée dans une forêt, nous ne trouverions sans doute pas si touchants les sept nains qui nous demandent de leur faire "la cuisine, les lits, la lessive, la couture et le tricot".
Enfin, ayant eu vent d'une certaine Ève, nous ne croquerions pas non plus dans n'importe quelle pomme...

Et puis non : nous ne ferions rien de tout cela, puisque nous voudrions retrouver une fois de plus l'histoire de Blanche-Neige, un conte doublement enchanté puisque devenu opéra.

Violoniste formé sous la baguette de Bernstein ou de Celibidache, compositeur de musiques de films, Marius Felix Lange a déjà rencontré l'univers du conte en mettant en musique Le Fantôme de Canterville d'Oscar Wilde. Il aborde ici une histoire immortelle, où les passions couvent comme le feu sous la neige, et où tout est pour toujours, sauf la mort.